Sortie automnale sur la Montagne noire


Les candidats sont nettement moins nombreux ce dimanche 20 novembre... 7 en tout et pour tout (plus le chien) ! Si le chiffre est censé porter bonheur, le temps semble pour le moins incertain : clément à Saint-Paulet, mais relativement nuageux vers l'est (c'est un comble !). Nullement découragé, le petit convoi s'élance à l'assaut des flancs brumeux de la Montagne noire. Il faut attendre l'arrivée sur Trassanel, point de départ de l'excursion, pour que les premières gouttes s'écrasent sur les pare-brises. Haut lieu de la spéléologie, le village reste toutefois réservé aux initiés, comme l'atteste la minuscule route d'accès sinuant dans la chênaie verte... Sur le petit parking aménagé, un panneau informe le public sur les excursions et curiosités à ne pas manquer. Vu la situation mitigée (c'est-à-dire un plafond nuageux très très bas !), les troupes s'accordent sur la petite boucle de 6 kilomètres ; il est en effet plutôt vain d'espérer la vue du siècle depuis le rocher d'Alaric, alors autant s'économiser !


Nous traversons le minuscule village, pas une âme qui vive. Une maison à vendre, dans son « écrin » de déchets en tous genre, attire les commentaires un rien goguenards... Une subite pluie battante nous ramène à de plus prosaïques préoccupations : s'obstiner, ou pas ?!!! Nico-le-Sage propose de poursuivre jusqu'à la grotte du Maquis pour y pique-niquer ; nous aviserons ensuite !

Nous arrivons ainsi devant une petite stèle commémorant le massacre de 47 jeunes maquisards le 8 août 1944... Un des derniers actes barbares de fanatiques ne voulant pas s'avouer vaincus. La vue depuis ce petit col, quoique bouchée, fait rapidement diversion par l'étonnant changement de paysage qu'elle propose : de mollement ondulé, le relief est devenu chaotique ; les versants rocailleux et abrupts plongent dans la gorge forgée par le ruisseau de Pémol.







Nous dévalons une centaine de mètres de dénivelée en courts zigzags parfois glissants, interrompus dans notre élan par quelques bolets que nous nous empressons de ramasser. Il s'agit visiblement du Bolet des bouviers, à la viscosité assez caractéristique. Mathieu-œil-de-Lynx débusque tout ce qui possède un chapeau et un stipe, menant l'opération dans les règles de l'art à l'aide d'un petit canif.
Des signes parfois abscons balisent le sentier, et nous croyons ainsi atteindre la grotte en 10 minutes. Il nous faudra finalement marcher un peu plus dans la garrigue, mais nous nous installons pile poil pour éviter une averse traîtresse. La cavité est vaste et relativement haute, mais sombre. Quelques stalactites sont visibles ; un monticule et une croix rappellent le drame qui s'y est déroulé. Nos instincts primitifs reprennent un instant le dessus avec une tentative rapidement avortée de progression au flambeau, en l'occurrence une branche de Chêne vert à l'embrasement spectaculaire mais fugace. Joël-l'Aventurier débusque un deuxième accès, mais la suspicion d'un trou béant l'oblige à renoncer à son tour... C'est plus raisonnable ! Nous nous asseyons pour manger, certains sur leur petite pierre de caverne attitrée, et nous accompagnons d'un Beaujolais nouveau. Mathieu entrevoit une chauve-souris, mais celle-ci ne daigne pas se prendre dans les cheveux de ces dames...



La pluie a presque cessé, et nous décidons donc de continuer ; ça dégringole sec pour remonter tout aussi raide ! La grotte de Coroluna offre une ouverture nettement plus petite mais s'avère spacieuse une fois à l'intérieur. L'ascension se poursuit sous une pluie soutenue ; heureusement, la chênaie verte nous abrite sous son feuillage dense, le temps de remarquer quelques beaux « rosés » que nous ne prélevons pas, ne sachant quel est leur niveau de comestibilité.



D'autres champignons un peu plus étranges comme les vesses de loup perlées, les étoiles de terre et le Schizophylle commun se laissent admirer ; nous nous interrogeons sur l'identité de ce qui semble être une Russule charbonnière (sous toute réserve), et sur une étrange manifestation mousseuse bullant au pied d'un arbre !


Le retour à la « civilisation » se concrétise par l'apparition de quelques ruines et murets, vestiges d'une activité pastorale passée. Une pézize trône fièrement dans les décombres de l'une d'entre elles. Il semble que désormais l'endroit, encore assez ouvert, fait l'objet de plantations de Chênes verts, peut-être pour la trufficulture ? Le gouffre de Cabrespine est tout près ; nous essayons d'imaginer le sommet nimbé de brumes du roc de l'Aigle, qui pourtant nous surplombe.






Personne n'étant tenté par le sentier qui y mène, nous amorçons le retour par un beau tracé en corniche. Nous retombons rapidement sur la stèle, et après une séance de photos d'un Crapaud commun juvénile, un détour par le lavoir et le minuscule cimetière, nous regagnons tranquillement nos pénates, heureux d'avoir pris l'air sans être trempés. Partage équitable des bolets... La nuit nous dira s'ils ont bien été digérés !
David